Sound engineer : Interview Niko MATAGRIN
Publié le 23 mai 2022, modifié le 28 septembre 2022

Les anciens du GRIM :
Interview Niko MATAGRIN, ingénieur du son studio / mixeur / pousseur tourneur

 

« Tu peux mettre Ingé son dans le titre mais tu préciseras bien ce que je pense sur ce terme »

 

 

Temps de lecture : ~ 10 minutes

 

Est-ce que tu peux te présenter ?

 

Je suis Niko et j’ai commencé en faisant de la musique. Pour moi, le son est un outil pour faire de la musique, et non une finalité.

 

 

Le métier de Sound engineer :

 

Plus communément appelé « Ingénieur du son studio », « mixeur », « Régisseur son » ou encore « musicien avec une console » selon Nicolas

 

 

Comment définirais-tu ton métier ? En quoi il consiste ?

 

Je me définirais comme étant un « Musicien avec une console » ou « pousseur tourneur ». Ingé son heu… c’est galvaudé, ça n’existe pas en réalité. C’est juste « sound engineer » qu’on a traduit en français par « ingénieur du son ». Si on prend mon diplôme, je suis « technicien supérieur du son » avec le BTS du GRIM (initialement, la formation Régisseur technique était un BTS).

 

En résumé, si je fais du mix je suis « mixeur », si je fais de la prise de son je suis « preneur de son » et encore… « enregistreur » ? (rires). Mon intitulé officiel sur mes contrats de travail en concert est « Régisseur son ».

 

Il y a autant de quotidiens qu’il y a de groupes et de branches dans ce métier. Mon quotidien on peut dire que c’est le mix, après il n’y a pas de journée type. Ça dépend du projet. J’ai eu des périodes rock, puis électro, puis reggae… Maintenant c’est un peu plus de la chanson. Les journées de tournées vont être complètement différentes des journées studio par exemple. Au studio, les journées vont déjà avoir plus tendance à se ressembler.

 

 

Quelles sont les différents métiers dans le studio ?

 

En fait tu as trois étapes : la prise de son, le mixage et le mastering. Normalement, si les deux premières étapes ont été correctement réalisées, la troisième sera plus anecdotique. Le mastering n’est pas sensé changer grand-chose. S’il y a des changements radicaux, c’est que quelque chose a merdé dans les 2 précédentes étapes.

 

Le principe de base du mastering c’est la normalisation : c’est-à-dire faire en sorte que ton mix va correspondre en terme de niveau, de fréquence, au support sur lequel il va être diffusé. Donc si le travail de prise de son et de mixage ont été faits correctement, à part ramener le mix au niveau nominal, il ne doit pas y avoir de révolution théoriquement.

 

Donc il y a ces trois étapes là, qui peuvent être faites par des personnes différentes ou non. Même si selon moi, il est préférable que le mastering soit réalisé par une personne différente. C’est quand même la touche finale, donc on se doit d’avoir un recul absolu sur ce qui a été fait avant, pour être le plus objectif possible. Moi je sais que je suis incapable de masteriser des trucs que j’ai mixés, parce que j’ai encore la tête prise par tout ce qui ne sonne pas comme j’aurais voulu. Donc je me retrouve à essayer de retoucher mon mix alors que ce n’est pas du tout l’objectif.

 

Prise et mix peuvent être fait par la même personne. Moi j’aime pouvoir faire les deux. Si ces deux étapes sont faites par deux personnes qui ne discutent pas ensemble ou qui n’ont pas la même vision du son du groupe ça peut même être problématique. En fait c’est un travail d’équipe. La base c’est la source, et elle doit correspondre le plus possible à ce que tu veux à l’arrivée. Pour moi c’est très important qu’il y ait un échange entre le preneur de son et le mixeur. Je ne parle même pas de l’échange avec le groupe parce que la base de tout c’est que ça corresponde à ce que le groupe veut faire.

 

Je trouve que c’est plus dur et stressant de faire les prises pour quelqu’un d’autre. Quand tu les fais pour toi c’est simple : tu diriges la prise pour qu’elle aille dans la direction de ce que tu veux faire au mix.

 

 

L’échange en studio…

 

C’est 80% du travail. Parce que si le groupe se sent bien, qu’il est en confiance et qu’il est détendu, il donnera le meilleur de lui-même. Si tu arrives à mettre le groupe dans des conditions psychologiques pour qu’il soit à l’aise comme ils ne l’ont jamais été en studio, tu peux jeter un SM58 au milieu de la pièce tu auras un super album. On a tous écouté des albums des années 50, 60, 70 ou plus récents, qui défoncent même s’ils ont un son pourri. Ce que je veux dire c’est qu’un bel album est réalisable si le groupe est au meilleur de ce qu’il peut donner à ce moment-là, et non pas parce que tu as passé 8h à mettre le bon micro au bon endroit, et que tu auras une isolation parfaite entre tes sources. Donc naturellement, mettre les musiciens à l’aise est fondamental, quitte à ce que tout le monde soit dans la même pièce avec une grosse « repisse » entre les instruments. Dans ce cas, tu dois essayer de jouer avec cette repisse plutôt que de lutter contre.

 

C’est tout pour la musique.  Je vais dire quelque chose de brutal exprès, mais quand je mixe, je n’ai pas de respect pour les musiciens, j’ai du respect pour la musique. C’est-à-dire que s’il faut ne pas respecter un instrument ou son timbre pour le bien d’un morceau et bien je le fais. A partir du moment où ça va dans le sens du groupe bien évidemment.

 

 

Quelles sont les similitudes entre le live et le studio ?

 

Il y en a dans la finalité mais pas tant dans les méthodes. Ce qui est commun au live et au studio c’est que le son est à la source. Il faut travailler pour que la source soit la meilleure possible. La source c’est le musicien, le choix de son instrument, son amplification et le micro que tu vas mettre devant. Le choix du préampli et de la console tu l’as rarement, peut-être un peu plus en studio. Il faut que cette chaîne-là corresponde le plus possible à ce que tu veux en faire. C’est-à-dire que si tu veux un rendu cheap et étriqué, LoFi , il faut que  ta prise soit  la plus  LoFi  possible. Tout doit être cohérent avec ce que tu veux faire. Ça c’est le principal point commun, d’un point de vue méthodologie entre le live et le studio. L’autre point commun est que, quand on fait du son, on doit récupérer l’émotion véhiculée par la musique qui arrive sur nos tranches, puis l’amplifier, la pousser encore plus loin.

 

Ce que je veux moi c’est jouer avec cette matière-là, pousser l’émotion plus loin, exagérer certaines choses s’il le faut. Là c’est plus pour la partie live. Le but du jeu ce n’est pas de se faire plaisir à soi et puis d’être content de son nombril, c’est de servir la musique. C’est un dialogue avec le groupe. Au final on en revient à faire de la musique. Et c’est ce qui me fait kiffer.

 

 

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ce métier-là ?

 

La connexion avec les musiciens sur scène. Parce qu’on fait de la musique. Si tu t’occupes du son et que tu ne fais que de la médecine (uniquement du techniquement irréprochable comme dans les manuels), tu n’auras pas véhiculé d’émotions. Quand tu mixes et que tu vas envoyer un effet, les musiciens sur scène vont l’entendre et ils vont jouer avec ce truc-là. A des moments tu vas exagérer certaines choses par ce que c’est comme ça que tu le ressens. Et ensuite il y a une sorte d’interaction qui se crée, c’est-à-dire que toi tu sens ce qu’eux t’envoient, et eux ils sentent comment tu y réponds. Tout devient magique quand tu as cette osmose avec le groupe sur scène, et pour moi c’est là que tu as un vrai impact émotionnel sur le public justement. Ils ressentent ce qui se passe sans forcément pouvoir l’expliquer avec des mots, l’analyser.

 

Les premières vraies tournées que j’ai fait c’était avec un groupe qui s’appelait Meï Teï Shô au début des années 2000, et on se connaissait par cœur. On se retrouvait parfois sur des gros festivals avec les pointures du showbizz français, et on arrivait avec toute la tripe du monde en donnant tout ce qu’on avait.

 

Un jour, le groupe qui passait après nous a proposé un mix super léché, et je me disais « Putain… J’ai fait de la merde j’ai vraiment été dégueulasse… le mec vient de faire un truc ultra clean je me suis fait défoncer… je suis ridicule ». Et puis quand je suis arrivé dans les loges, du monde est venu me voir en disant « putain le son que vous aviez c’était fou ». En fait ils ont vraiment été pris par ce qu’on a fait. Et moi pendant des années j’ai refusé de me l’admettre en me disant « mais c’est pas possible, ils n’ont pas d’oreilles, ou quoi ? J’ai été nul comparée au mec qui est passé après moi et ils ne s’en rendent même pas compte ». A force j’ai fini par me questionner et j’ai fini par me dire ça : le cœur que tu mets au mix est aussi inconsciemment palpable par le public que le cœur que le musicien va mettre dans le morceau.

 

 

Pour toi quelles sont les avantages et inconvénients de ce métier ?

 

Je ne sais pas si on peut parler d’avantages, mais je pense qu’on ne peut pas faire ce boulot-là comme tu te dirais « je vais essayer de me faire embaucher à la poste comme guichetier ». Tu ne fais pas ça juste pour gagner ta vie, tu ne vas pas te dire « ah bah tiens je vais aller monter mes sonos, prendre un camion à 5h du matin et puis me coucher à 4h le lendemain matin pour gagner 200 balles ». Ce n’est ni par dépit ni par hasard si tu fais ce métier. Je dirai que les avantages des uns sont les inconvénients des autres. C’est-à-dire que pour moi la vie est hyper riche, il n’y a pas 2 jours qui se ressemblent. Je ne sais pas ce que je vais faire l’année prochaine, et j’ai quasiment fait le tour du monde avec le boulot, ce qui ne me serait jamais arrivé sans ça. J’ai rencontré des tas de gens, je me sens tellement riche autrement que financièrement. Mais cette situation-là peut être très stressante pour d’autres personnes. Il y a des gens qui ont besoin d’une stabilité donc cette vie-là n’est pas faite pour eux.

 

En inconvénient je dirai que c’est compliqué d’avoir une vie de famille, ou alors faut tomber sur la bonne personne.

 

 

 

De musicien à la régie : le parcours d’un passionné de musique

 

 

Comment est-ce que tu as commencé le son ?

 

J’ai fait un BAC C à l’époque, puis un IUT. Je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien pour moi dans cette voie-là, et je me suis posé plusieurs questions : « qu’est-ce que je veux faire ? Qu’est-ce qui me plait ? ». Les seules choses qui me plaisaient c’était le dessin et la musique. Le dessin il n’y avait pas vraiment grand-chose qui me parlait, la musique je faisais de la guitare mais j’étais coincé entre le complexe de « je joue pas assez bien » et ce truc de « toute façons je ne suis pas assez à l’aise sur scène pour en faire ma vie »… Donc au final je me suis dit « pourquoi pas le son ? ». J’ai arrêté l’IUT et je me suis fait embaucher par un orchestre de bal au début des années 90. On a fait une tournée d’été et je faisais roadie au début, donc je poussais des caisses. J’ai vu le mec au son et je me suis dit « c’est ça que je veux faire ». Il faisait de la musique en fait. La console est un vrai instrument de musique, et quand t’es dans cette position tu deviens un peu comme un chef d’orchestre. Et moi c’est ça qui me plait là-dedans, ce n’est pas le son en soi, mais vraiment ce truc de faire de la musique avec des gens qui sont sur scène, et avec le gros avantage d’être au milieu du public dans le noir sans que personne te regarde (rires).

 

Quand je jouais avec des potes je n’avais jamais juste l’idée d’un plan de guitare, j’avais toujours des idées d’arrangements qui vont autour, mais je ne me sentais pas d’aller voir les autres en leur disant « toi tu vas jouer ça, toi tu vas jouer ça, et toi ça ». Et du coup le résultat ce n’était jamais ce que j’avais envie d’entendre. Et donc le fait d’être à la console résolvait aussi ce côté-là.

 

 

Quel est ton parcours scolaire ?

 

J’ai fait 6 mois de DUT Génie mécanique. En fait c’était un second choix. Pour le dessin y’avait l’école Emile Kohl que je regardais en bavant un peu mais c’était complètement inabordable financièrement. Donc je me suis dit « pourquoi pas école d’architecture ? », donc j’ai fait mes demandes à l’école d’archi de Vaulx en Velin mais entre le fait que je n’avais pas fait de BAC technique et le fait que je n’ai pas eu de mention… Je me suis retrouvé 300ème  et quelques  dans la liste d’attente. Autant te dire que j’avais peu d’espoir. Du coup je me suis réorienté vers la Génie mécanique parce qu’il y avait un peu de dessin industriel, donc ça raccrochait un peu à des trucs que j’aimais bien. Et puis les maths ça me faisait marrer, il y avait une sorte de jonglage intellectuel qui m’amusait bien. Finalement au fil de l’année je me suis rendu compte que les débouchés ne me convenaient pas. Concevoir des ponts en béton ou des immeubles ça ne me plaisait pas trop. Il me restait plus que la musique.

 

En parallèle de trouver cet orchestre je me suis inscrit au GRIM. Directement après avoir lâché mon DUT. L’idée de base c’était d’avoir un diplôme reconnu, pour rassurer les parents.

 

 

Après le GRIM, comment t’es-tu lancé dans le métier ?

 

A l’époque on avait des obligations militaire… Mais je ne voulais pas faire le service militaire. Du coup un pote qui était avec moi au GRIM m’a appelé quelques semaines plus tard en me disant qu’il avait trouvé un poste d’objecteur de conscience dans un théâtre à côté de chez moi. Il m’a dit qu’il y avait une deuxième place de régisseur et du coup je me suis retrouvé à faire deux ans d’objecteur de conscience en faisant régisseur son de théâtre. On a fait deux ans comme ça où il y avait plein de spectacle qui jouaient. En parallèle, je bossais avec des orchestres de baloche presque tous les week-ends. Donc ça me faisait des semaines de malade quoi, je faisais entre 70 et 100h par semaine. C’était vraiment compliqué, mais c’est vrai que quand tu sors de là t’as pas peur de bosser. La salle organisait un festival une fois par an en fin d’année, et le prestataire qui amenait du matériel c’était FA musique, et du coup je les ai rencontrés comme ça. Ils m’ont dit « quand tu as fini ton objection, viens frapper à la porte de FA’ » et c’est ce que j’ai fait. Donc j’ai été stagiaire chez eux à partir de 1997 et c’est comme ça que ça a commencé.

 

En fait il y avait deux voies pour être régisseur chez FA :

 

Il y avait un groupe de bal Vietnamien, qui demandait à FA musique de faire de la presta de temps en temps. Et donc quand tu en étais là c’était un peu le baptême du feu quoi, c’est-à-dire que si tout se passait bien avec eux tu pouvais devenir régisseur. Il y avait un autre truc, c’était de faire les retours sur un orchestre de bal. Pareil, si tu passais le cap tu devenais régisseur à partir de là.

 

J’ai fait 6 mois en tant que stagiaire avant d’être enfin régisseur. J’ai eu mon statut au bout d’un an et demi.

 

J’ai continué de bosser chez FA en tournant un peu avec des groupes en parallèle, jusqu’en 1998 où je rencontre MeiTeiSho qui me propose de leur faire le son. Je suis parti sur leur route, pour au final leur consacrer 100% de mon temps à partir de 2001. A ce moment-là on faisait entre 80 et 100 concerts par an, sans compter les compiles, les enregistrements, les albums studio ou live…

 

En 2005 le groupe a splitté. Et cette histoire m’a ouvert les portes pour faire du live, et surtout de l’enregistrement en studio. Il y a un effet « boule de neige ». Si ton travail plait, d’autres groupes t’appellent pour travailler avec eux et ainsi de suite.

 

 

Quelle a été ta meilleure expérience ?

 

Je pense que ma meilleure expérience c’était avec le groupe Meï Teï Shô. Pour plusieurs raisons, la première c’est que ça a été mes premières vraies tournées internationales avec un groupe. Donc tu voyages, tu visites des pays, tu passes les ¾ de l’année sur la route avec ton groupe… Le reste du temps tu fais de la presta. La deuxième raison c’est que j’étais vraiment membre du groupe à part entière, mon rôle faisait partie intégrante du son du groupe, c’est-à-dire qu’il y avait des passages de morceaux qui étaient dédiés à la prod, aux effets. Le son avait un vrai rôle dans la musique ce n’était pas que la touche finale. Il y avait de réels partis pris qui pouvaient être radicaux sur certaines choses (des batteries entièrement saturées sur 4 mesures, des passages de grosses saturations sur la voix, des delays un peu extrêmes sur des notes tenues et qui s’empilent pour former des accords etc…). Tout cela fait que l’histoire avec ce groupe reste ma meilleure expérience musicale, même si je pense que mon avis est biaisé par le fait que c’était ma première tournée. Donc il y a une sorte de « magie de la première fois ».

 

Ma plus grande réussite est que je ne fais que ce que j’aime depuis 20 ans, qu’avec des projets qui me plaisent. Je ne me suis jamais retrouvé à faire de l’alimentaire depuis 2001.

 

 

 

Apprendre à mixer : travailler dans un studio d’enregistrement

 

 

Comment as-tu appris à mixer ?

 

Quand je faisais de la guitare, j’avais un quatre pistes à cassette énorme, avec de vrais préamplis micro, de vrais equal… et je faisais plein de choses dessus. Donc j’avais déjà mis les mains dans le cambouis de façon amateure. Quand je suis sorti du GRIM, j’ai eu un 8 pistes à bande sur lequel je testais plein de trucs. C’est comme ça que j’ai appris à l’époque.

 

 

Quel logiciel utilises-tu pour la MAO ?

 

J’utilise un logiciel qui s’appelle Samplitude, qui est assez méconnu d’ailleurs. En fait au début j’enregistrais sur mon 8 pistes à bandes. On a monté le label Jarring Effects et là on s’est dit qu’on avait besoin d’évoluer donc on a acheté un Mac G3, avec des cartes Motu, on avait une console Mackie 24, une paire de compresseurs DBX160, des reverbes d’entrée de gamme, et tout analogique évidemment. A l’époque on était sur Digital performer. Après je suis passé sur Protools, et puis en 2005 l’environnement « fermé » du logiciel et les Hardwares hors de prix ont fait que je ne me retrouvais plus dans cet outil. J’ai testé tous les logiciels de l’époque sur Mac et PC, et puis je suis tombé sur Samplitude que j’ai trouvé super sur plein de niveaux, donc je suis resté dessus. Aujourd’hui, je pense que le bon logiciel c’est celui avec lequel on est bien.

 

J’ai refait beaucoup de tests dernièrement sur énormément de logiciels et je peux t’affirmer qu’il n’y a aucune différence de son entre eux.

 

 

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait faire ce métier ?

 

La première chose que je lui demanderais c’est pourquoi il veut faire ce métier. Qu’est-ce qui l’attire là-dedans ? Si c’est le côté geek et purement technique, dans ce cas-là il faudrait peut-être l’orienter vers les calages de systèmes. Si son truc c’est de faire la musique, dans ce cas-là il faut clairement qu’il fasse du mix. Même si la polyvalence est intéressante, je pense qu’il faut d’abord savoir ce qui t’intéresse dans le métier.

 

Si c’est pour la gloire et l’argent, va tout de suite vers les grosses prods, ce qui a clairement été l’opposé de mon choix. Et puis si tu veux faire de l’argent, je pense qu’il y a des métiers plus faciles et moins contraignants que celui-là. Je dirai aussi qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on dit sur internet. Il y a une espèce de mode sur les tutos, il y en a partout sur les mixages, mais on y trouve beaucoup de conneries. Plus que des conneries je dirai qu’il y a souvent une sorte de « vérité » qui est posée, alors que plus je travaille, plus je me rends compte que tout est possible en fait, et que c’est juste une question de choix. C’est un métier ou on passe notre vie à apprendre et progresser, évoluer.

 

 

Les tutoriels de mixage dans l’apprentissage…

 

Je pense que ce n’est pas inintéressant à titre informatif. Que ça peut donner des pistes à explorer, sans jamais rien prendre pour argent comptant. Il n’y a pas de vérité absolue, la personne que tu regardes dans le tuto a ses propres méthodes. Lui il fait comme ça, et toi tu peux faire autrement. C’est à la fois un avantage et un inconvénient : tu gagnes un peu de temps, mais tu ne développes pas ta façon de faire.

 

En faisant systématiquement les choses comme on te dit de les faire dans les tutos (plutôt qu’en essayant par toi-même, en te plantant et t’acharnant) tu vas finir par développer quelque chose qui n’est pas forcément toi, un peu comme quelqu’un qui ne parlerait que par citations par exemple. C’est la même chose avec les plugins aujourd’hui, de pouvoir te retrouver la première fois que tu mixes avec 80 compresseurs différents. Quand j’ai commencé on utilisait un matos hyper limité, et à part les autres sondiers autour de toi avec qui tu échangeais, tu ne pouvais compter que sur toi-même, en essayant, en te trompant, et re essayant… Mais comme tu n’avais qu’une ou deux machines, tu finissais par les connaître par cœur. Tu savais exactement ce qu’elles pouvaient faire, utiliser tel compresseur réglé de telle manière pour avoir tel rendu par ton expérience des machines, et non pas parce qu’un tuto t’a dit que on compressait une voix avec tel compresseur et tel réglage… Et du coup c’était un avantage selon moi, parce qu’à l’arrivée, tu connaissais ton outil en profondeur, y compris pour l’utiliser à contrepied, et tu obtenais quelque chose qui t’appartenait vraiment. On a tous des façons de bosser, de mixer et un son qui nous est propre. Tu donnes le même morceau à mixer à 5 mixeurs tu auras 5 résultats différents. Et je pense que c’est développer ça qui est le plus intéressant, plus que de faire comme untel ou unetelle, aussi bon qu’il ou elle soit.

 

Je pense qu’il faut voir ces tutos comme des outils, et qu’il est dur de trouver sa propre « patte » et sa propre méthode si on est submergé d’infos. Par contre l’avantage quand tu débutes, c’est que ça peut te faire gagner énormément de temps pour un résultat qui tient la route. Mais est-ce que tu te reconnais dedans… ? C’est la seule question à se poser. C’est toujours pareil. Si t’y mets ton cœur et tes tripes, le résultat s’en ressent.


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